lundi 20 octobre 2008

Je pense, donc je fuis...


Notre langue est riche et variée, et plus j'apprends à la connaître, plus je jouis de la liberté qu'elle nous donne dans notre expression.
Malgré la multitude de variations qui existe dans la langue française, il semble que des tendances se remarquent, que certaines habitudes se développent, comme des modes. Et comme n'importe quel phénomène de société, cela est révélateur.
Toutefois, il reste à s'entendre sur ce que ça révèle.

Je veux souligner une habitude linguistique, et suggérer ce qui se cache derrière. (Comme ça vous savez où je m'en vais)

Je pense que, je crois que, selon moi, à mon avis... Voilà à quoi se résume la manie dont je parle. Quand quelqu'un prend la parole lors d'une discussion, c'est très souvent ainsi que la phrase commence: "Je pense que..."

Mais ce qui m'a mis la puce à l'oreille, c'est que l'introduction est la même, que la personne partage une opinion, relate une information, ou apporte une vérité (qu'elle soit partagée ou non, cela s'entend). Il est attendu par cette expression que je partage une opinion personnelle, une impression ou quelque chose de nettement subjectif ou discutable. Je ne suis pas en train d'affirmer une vérité absolue, mais comme effectivement une déclaration qui peut être remise en question, ou qui se limite à la personne qui la partage.

Mais si je parle d'une vérité, d'un fait, d'une information, pourquoi l'amener comme si elle était aussi fragile ou douteuse que mon idée, mon impression personnelle?

Dire "je pense que" implique que moi seul suis le porteur de cette opinion, et qu'elle ne se vérifie pas nécessairement au-delà de ma perception du monde. Est-ce le cas de tout ce qu'on dit?

Ça m'a frappé qu'on cherche autant à limiter l'existence de vérités, ou bien qu'on soit si timide à les dire à haute voix.

Il y a une ligne de plus en plus floue entre les opinions et les vérités, et ça transparait dans notre langage. C'est bien ce que notre société porte comme message. Ceux qui affirment des vérités absolues sont extrêmistes, intolérants, dangeureux. De telles vérités n'existent pas vraiment. Si tu crois quelque chose, c'est bien, mais n'en fais pas une vérité universelle pour autant.

Devrait-on dire: "Je pense que Jésus-Christ est le fils de Dieu", ou "selon moi la Bible est inspirée"?

Ces vérités vont-elles plus loin que notre opinion personnelle? Est-ce que ma manière de m'exprimer est révélateur?

Qu'en pensez-vous?